Comprendre la clause de non-réaffiliation en franchise
Vous êtes franchisé ou franchiseur et vous vous interrogez sur l’impact d’une clause de non réaffiliation dans un contrat de franchise ? Cette disposition contractuelle vise à empêcher un ancien franchisé de rejoindre un réseau concurrent après la fin de son engagement, afin de protéger le savoir-faire et la cohésion du réseau. Dans quelles conditions une clause de non-réaffiliation est-elle valable ? Quelle est la différence avec une clause de non-concurrence ? Quels sont les critères de proportionnalité et de territorialité fixés par la jurisprudence ? Et surtout, quels sont les recours en cas de litige ou de clause abusive ?


Qu’est-ce que la clause de non-réaffiliation ?
Définition juridique
La clause de non-réaffiliation constitue une stipulation contractuelle qui interdit à un franchisé de rejoindre un réseau concurrent à l'issue de son contrat. Son objectif est de préserver le savoir-faire et l'identité du réseau de franchise en empêchant la transmission des méthodes et procédés spécifiques au franchiseur vers des concurrents. Cette clause, fréquemment intégrée dans un contrat de distribution ou de concession, doit se conformer aux conditions cumulatives établies par la Cour de cassation et régies par le Code civil.
Différence entre clause de non-réaffiliation et la clause de non-concurrence
À la différence de la clause de non-concurrence, qui prohibe au franchisé d'exercer toute activité commerciale similaire ou analogue à celle du réseau quitté, la clause de non-réaffiliation se limite à restreindre son affiliation à un autre réseau. Ainsi, un franchisé soumis à une clause de non-réaffiliation peut continuer à exercer une activité concurrente sous sa propre enseigne, mais ne peut intégrer un réseau concurrent. Cette distinction est cruciale pour éviter une restriction excessive à la liberté d'exercice.
Validation de la la clause de non affiliation par la Jurisprudence
La Cour de cassation a reconnu la validité de la clause de non-réaffiliation, à condition qu'elle soit conforme aux principes de proportionnalité et de nécessité.
Pour être considérée comme valide, une clause de non-réaffiliation doit être circonscrite tant dans le temps que dans l'espace, et être essentielle à la protection du savoir-faire substantiel, spécifique et confidentiel transmis dans le cadre du contrat de franchise. La Cour a également souligné que cette clause ne devait pas constituer une entrave excessive à la liberté d’exercice du franchisé.
Pourquoi insérer une clause de non-réaffiliation dans un contrat de franchise ?
Protection du réseau
Elle empêche les franchisés de divulguer des informations stratégiques à des concurrents, protégeant ainsi le savoir-faire et l'identité du réseau.
Sécurisation des intérêts du franchiseur
Elle garantit que les franchisés ne transmettent pas leurs compétences et savoir-faire à un concurrent direct, préservant ainsi l'avantage concurrentiel du franchiseur.
Préservation de la cohésion et de l’image de marque
Elle assure une uniformité dans l’expérience client et prévient la dilution du concept, maintenant ainsi la réputation et la cohérence du réseau.
Conditions de validité juridique de la clause
Critères légaux : territorialité, durée, proportionnalité
- Durée
La clause doit être définie dans un cadre temporel précis. Bien qu'aucune durée précise ne soit stipulée par les dispositions légales, une période de 2 à 3 ans est généralement jugée raisonnable dans le cadre d'un contrat de franchise. Une durée jugée excessive pourrait être considérée comme disproportionnée et entraîner l'annulation de la clause. La jurisprudence, notamment à travers plusieurs décisions de la Cour de cassation, a déjà établi que toute restriction disproportionnée à la liberté d'exercer une activité commerciale pouvait faire l'objet de sanctions.
- Territorialité
La clause doit être limitée à une zone géographique pertinente, correspondant à la zone de chalandise du franchisé. Une interdiction s'étendant sur un territoire trop large, sans justification adéquate, pourrait être qualifiée d'abusive.
Par exemple, restreindre l'activité à un département où l'exploitant opérait peut être considéré comme proportionné, tandis qu'une interdiction à l'échelle nationale pourrait constituer une entrave excessive.
- Proportionnalité
La clause doit être en adéquation avec les intérêts légitimes du franchiseur et ne doit pas empêcher totalement le franchisé d'exercer son activité professionnelle. Elle doit viser à protéger le savoir-faire spécifique du franchiseur sans imposer de restrictions excessives au franchisé.
- Objectif légitime poursuivi par le franchiseur
L’interdiction de réaffiliation doit être justifiée par un but de protéger le réseau et le savoir-faire du franchiseur.
Contrôle du juge et jurisprudence récente
Les juridictions appliquent un contrôle rigoureux sur les clauses de non-réaffiliation. Une clause considérée comme abusive ou démesurée peut être annulée.
Par exemple, dans un arrêt rendu le 26 juin 2024, la Cour de cassation a affirmé que le juge ne peut pas réduire l'étendue d'une clause de non-réaffiliation illicite, mais doit l'annuler intégralement si elle est jugée excessive.
Exemple d’une clause valide vs. une clause abusive
- Valide
Une clause interdisant au franchisé de rejoindre un réseau concurrent pendant une période d'un an et limitée aux lieux où il a exercé son activité a été jugée valide, car proportionnée aux intérêts légitimes du franchiseur.
- Abusive
Une clause interdisant au franchisé de rejoindre un réseau concurrent pendant deux ans sur l'ensemble du territoire métropolitain a été déclarée nulle, car jugée trop vaste et disproportionnée par rapport aux intérêts du franchiseur.
Obligations des parties
- Franchisé
Le franchisé s'engage à respecter les obligations contractuelles, en particulier l'interdiction de rejoindre un réseau concurrent durant la période et dans la zone géographique définies.
- Franchiseur
Le franchiseur doit démontrer la nécessité de cette clause, prouvant qu'elle est essentielle à la protection de son savoir-faire substantiel, spécifique et confidentiel, et qu'elle est proportionnée à cet objectif.
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Clause de non-réaffiliation et droit de la concurrence : quelles limites ?
Restrictions abusives : quand la clause devient-elle illégale ?
Une clause de non-réaffiliation est considérée comme illégale lorsqu'elle impose des limitations excessives à la liberté du franchisé, notamment si elle :
- est disproportionnée : une clause qui constitue une entrave excessive à la liberté d'exercer l'activité commerciale du franchisé, sans justification légitime, est réputée non écrite. Par exemple, une clause sans délimitation géographique précise ou d'une durée trop longue pourrait être annulée ;
- n'est pas justifiée par les intérêts légitimes du franchiseur : la clause doit être fondée sur la protection du savoir-faire du franchiseur. En l'absence de cette justification, elle peut être déclarée nulle.
Moyens de défense du franchisé
Un franchisé a la possibilité de contester une clause de non-réaffiliation en prouvant qu'elle nuit de manière excessive à sa liberté d'entreprendre. Les arguments suivants peuvent être avancés :
- atteinte à la liberté d'entreprendre : si la clause limite de façon démesurée la capacité du franchisé à exercer son activité, elle peut être jugée abusive ;
- absence de justification légitime : en l'absence de lien direct avec la protection des intérêts du franchiseur, la clause peut être annulée.
Recours en cas de litige
Avant d’initier une procédure judiciaire, il est conseillé de tenter une résolution amiable du conflit :
- négociation amiable : le franchisé peut envoyer une mise en demeure au franchiseur, exposant ses griefs et demandant une modification de la clause contestée. Cette approche peut mener à un accord sans avoir recours aux tribunaux ;
- action judiciaire : si la négociation échoue, le franchisé peut saisir le tribunal compétent pour demander l’annulation de la clause abusive. Les juges examineront alors la proportionnalité et la justification de la clause au regard des intérêts en présence.
Quelles sanctions en cas de non-respect de la clause par le franchisé ?
Sanctions contractuelles : pénalités, dommages et intérêts
En cas de non-respect de la clause de non-réaffiliation, le franchiseur a la possibilité d'intenter des actions pour obtenir réparation du préjudice occasionné. Les sanctions peuvent comprendre :
- pénalités contractuelles : certaines dispositions prévoient des amendes financières que le franchisé devra acquitter au franchiseur en cas de non-conformité ;
- dommages et intérêts : le franchiseur peut également solliciter des compensations financières pour le préjudice résultant de la violation de la clause.
Exemples de jurisprudence récente
Les juridictions ont été amenées à se prononcer sur des différends relatifs au non-respect des clauses de non-réaffiliation :
- Cour de cassation, 26 juin 2024 : dans cette affaire, la Cour a validé l'illégalité d'une clause de non-réaffiliation jugée disproportionnée, car elle s'appliquait à l'ensemble du département au lieu de se limiter à la zone d'activité spécifique du franchisé. La demande du franchiseur, qui réclamait 100 000 € d'indemnité, a été rejetée en raison de la portée excessive de la clause.
Il est donc primordial que les clauses de non-réaffiliation soient formulées de manière équilibrée et justifiées pour être considérées comme valides et opposables.
Comment négocier et optimiser cette clause ?
Conseils pour les franchisés et franchiseurs
- Éviter les clauses trop restrictives.
Il est impératif que les parties s'assurent que la clause ne constitue pas une entrave excessive à la liberté d'exercice de l'activité commerciale du franchisé. Privilégier une rédaction proportionnée et équilibrée.
La clause doit être définie de manière à être limitée tant dans le temps que dans l'espace, et elle doit être essentielle à la protection du savoir-faire substantiel, spécifique et confidentiel transmis dans le cadre du contrat de franchise.
Comment adapter la clause selon les secteurs d’activité
Les particularités de chaque secteur d'activité peuvent nécessiter des modifications de la clause de non-réaffiliation.
Par exemple, dans des domaines où l'appartenance à un réseau est cruciale pour l'exercice de l'activité (comme la distribution alimentaire de proximité), une clause de non-réaffiliation trop étendue pourrait être considérée comme excessive. Il est donc fondamental d'ajuster la clause en fonction des spécificités du secteur, en s'assurant qu'elle soit nécessaire et proportionnée aux objectifs visés.
FAQ : Clauses associées et définitions juridiques
Qu'est-ce qu'une clause de non-débauchage ?
La clause de non-débauchage, souvent désignée comme clause de non-sollicitation de personnel, est un engagement contractuel par lequel une entreprise s'interdit de recruter ou de solliciter les employés d'une autre entreprise pendant une période spécifiée. Cette disposition a pour objectif de préserver les entreprises de la perte de leurs employés au profit de concurrents ou de partenaires.
Qu'est-ce qu'une clause de non-rétablissement ?
La clause de non-rétablissement empêche une personne, généralement un ancien salarié ou partenaire, d'exercer une activité similaire de manière autonome après la cessation de la relation contractuelle. Son but est d'éviter qu'une personne ayant eu accès à des informations sensibles ou à un savoir-faire particulier ne crée une entreprise concurrente.
Qu'est-ce que la clause de non-sollicitation ?
La clause de non-sollicitation est une stipulation contractuelle par laquelle une partie s'engage à ne pas solliciter les clients ou les employés de l'autre partie pendant une période déterminée. Elle a pour but de protéger la clientèle et le personnel d'une entreprise contre la captation par un ancien partenaire ou salarié.
Quels sont les cas où la clause d'exclusivité ne s'applique pas ?
La clause d'exclusivité empêche un salarié d'exercer toute autre activité professionnelle, qu'elle soit salariée ou indépendante, durant la période de son contrat de travail. Toutefois, cette clause ne s'applique pas dans certaines circonstances, notamment :
- contrats à temps partiel : selon la jurisprudence, une clause d'exclusivité dans un contrat à temps partiel est prohibée, car elle contrevient au principe constitutionnel de la liberté du travail ;
- congé pour création ou reprise d'entreprise : lorsque le salarié bénéficie d'un congé pour créer ou reprendre une entreprise, la clause d'exclusivité est suspendue pendant toute la durée de ce congé ;
- autorisation de l'employeur : si l'employeur accorde une autorisation écrite au salarié pour exercer une autre activité, la clause d'exclusivité ne s'applique pas.

Maha est directrice des opérations. Chez Dougs, elle pilote le pôle formation des comptables et assure la coordination des opérations entre les différents services, garantissant une fluidité et une efficacité optimale.
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