Entrepreneuriat féminin : portrait de Anne-Sophie de Nêge Paris
Chez Dougs, notre constat est le suivant : bien moins de création d’entreprise sont faites par les femmes que par les hommes. C’est également un constat au niveau national, 32% de femmes se lancent dans l’entrepreneuriat contre 68% d’hommes ! Aujourd’hui on met à l’honneur des créatrices d’entreprises que l’on accompagne au quotidien.
Cette interview s’inscrit dans une série d'articles sur le sujet de l'entrepreneuriat féminin. Dans le dernier, nous avons fait une interview de Double A, une marque de sous-vêtements féminins. Cette fois, je reçois Anne-Sophie, cofondatrice de Nêge Paris, une entreprise parisienne spécialisée dans la fabrication de pyjamas éco responsables.
Bonjour Anne-Sophie, pouvez-vous vous présenter et nous parler un petit peu de votre parcours ?
Je suis Anne-Sophie, la cofondatrice avec Aliénor, mon associée, de Nêge Paris. C’est une marque de pyjamas féminins écoresponsables que l’on co-créé entièrement avec nos clientes sur Instagram.
La première spécificité de Nêge, c’est donc la co-création. Pour chaque modèle, nous commençons par un questionnaire en ligne pour nos abonnés. Nous partageons ensuite en toute transparence toutes les étapes de développement sur Instagram avec notre communauté.
Et le deuxième axe extrêmement important pour nous, c'est le côté écoresponsabilité. C’est vraiment au cœur du projet, et c'est essentiel pour nous. Nous sommes parfaitement conscientes de l'impact de l'industrie de la mode sur l'environnement. On voit aussi que nos clientes y sont de plus en plus sensibles. Donc on essaie de rendre nos pyjamas les plus respectueux de l'environnement possible tout au long de leur cycle de vie : de la matière à la confection, jusqu'au recyclage du pyjama en passant par la livraison.
Et concernant votre parcours professionnel ?
Nous avons suivi la même école de commerce : l'Essec Business School. On s'est rencontrées pendant nos études, d'abord en prépa, puis à l'Essec. Ensuite j'ai travaillé quatre ans en marketing chez une grande marque de cosmétiques. Dans le développement puis dans le lancement de produits.
Mon associée de son côté travaillait chez un grand nom du luxe dans tout ce qui est stratégie commerciale et achat de collections, donc plutôt côté mode.
Nous nous sommes lancées dans l'entrepreneuriat en novembre 2020 quand on a décidé de lancer Nêge ensemble. Avec les confinements et le télétravail, on a passé notre année 2020 en pyjama et on s'est rendu compte qu’il était compliqué en France de trouver un pyjama qui soit vraiment élégant, confortable et avec une vraie dimension éco responsable. Aliénor s'occupe de toute la partie business, et stratégie commerciale. Et de mon côté je m'occupe de toute la partie marketing, communication, direction artistique.
Découvrez les indispensables à mettre en place après la création de votre entreprise.
Comment avez- vous fait pour vous lancer quand l'idée est arrivée ?
On a commencé à travailler et à réfléchir au projet en septembre-octobre 2020, en plein COVID. Il y avait un couvre feu puis le confinement. On était forcées de rentrer chez nous le soir, on en a donc profité pour trouver un projet sur lequel travailler et dans lequel on s’épanouirait. Aliénor s’est lancée directement à 100% sur le projet, et de mon côté, je n’avais pas encore quitté mon travail de l’époque, et ai cumulé les deux pendant 6 mois.
Le côté entreprendre à deux a été un élément décisif ?
Tout à fait. On avait déjà réfléchi un jour à monter quelque chose ensemble. On savait que si on montait quelque chose ce serait à deux. Être à deux ça permet d'avoir des expériences, des compétences et des personnalités complémentaires mais aussi de faire avancer plus vite et plus loin l'entreprise. Dans l’entrepreneuriat, il y a des hauts et des bas évidemment mais entreprendre avec une amie ça permet de vivre encore plus fort les réussites et de s'entraider dans les moments les plus difficiles.
Et la création de votre entreprise, elle s'est faite comment ? Vous avez été aidés ? Comment est-ce que ça s'est passé ?
On a pris le pack création d'entreprise avec Dougs. On a été accompagnées sur la rédaction et le dépôt des statuts. On a aussi fait un pacte d'associées de notre côté. C'était assez simple pour nous et on voulait absolument être à 50/50. On voulait aller très vite pour lancer le plus rapidement possible notre première production.
Quand on regarde un peu les chiffres nationaux, on voit que dans les levées de fonds par exemple, les femmes sont souvent moins représentées. Est ce que vous avez eu un ressenti par rapport à ça ? Comment ça se passe pour vous ?
Je suis tout à fait d'accord avec vos chiffres. Au global dans l’entrepreneuriat, il y a un gap beaucoup trop large entre ces 32 % de femmes et ces 68 % d'hommes qui deviennent entrepreneurs. Je pense qu'il y a aussi le sujet du domaine dans lequel on se lance. De notre côté, on s'est lancées dans l'industrie textile et la mode où les femmes sont plutôt surreprésentées.
Qu’on soit femme ou homme entrepreneur, je pense que le plus important c'est d'avoir confiance en son projet et d’essayer de se créer un réseau. Nous on s'est créé un réseau d'entrepreneures. On a un groupe WhatsApp avec plus de 80 entrepreneures où on organise des apéros pour se rencontrer. Tout le monde n’en est pas au même point alors on peut vraiment discuter de nos sujets, de nos problématiques et vraiment s’entraider pour faire avancer tout ça. C'est très riche et dans ce groupe, il y a vraiment une surreprésentation de femmes. Ça nous rassure de voir que, à notre niveau, il y a quand même beaucoup de femmes qui se lancent, qui ont confiance en leur projet et qui ont des projets absolument géniaux dans tous les domaines.
Avez-vous réussi à développer une communauté Instagram importante ?
On a lancé le compte Instagram en décembre 2020 parce qu'on voulait justement co-créer entièrement nos modèles avec nos clientes. Aujourd’hui, on a près de 10 000 abonnés. On a écrit à un certain nombre de femmes pour leur proposer de suivre Nêge, de suivre l'aventure et de participer à notre premier questionnaire de co-création en ligne. En un mois, on a eu plus de 1 000 réponses. C’est grâce à cet engouement pour le projet qu’on a décidé de pousser le processus de co-création jusqu’au bout. Pendant la durée de développement des pyjamas, on a tout partagé sur Instagram, et on a fait voter les moindres détails : les coupes, les couleurs, les imprimés, la taille des boutons, les manches trois quarts, etc.
Par exemple, on propose aujourd’hui deux longueurs de pantalon car les femmes de grande taille nous disaient que les pantalons de pyjama leur faisaient souvent un pantacourt et les femmes plus petites que ça traînait par terre. C'est typiquement le genre de choses qu'on a développé grâce à tous les retours très utiles qu'on a reçus de notre communauté.
Les personnes nous remercient souvent de leur demander leur avis. En fait, les grosses marques n'ont peut-être pas cette capacité à parler si facilement et directement à leur communauté. Tant qu'on peut le faire, on veut absolument le faire. C'est essentiel pour nous et c'est une source de motivation énorme. Je vous parlais du soutien des proches. Mais recevoir des messages de gens qu'on ne connaît pas, qui nous suivent sur Instagram et nous disent "merci pour ce que vous faites. Bravo pour le projet." C'est une immense source de motivation.
Le sujet d'entreprendre en étant une femme n'a pas vraiment été un sujet, un frein particulier, ou un facteur de motivation ?
Un facteur de motivation, si ! Je pense qu'on voulait aussi prouver qu'on était capables de se challenger personnellement et de montrer qu'on pouvait faire tout ce dont on avait envie. En revanche, on sait par exemple qu'il y a des incubateurs ou accélérateurs auxquels on aimerait postuler, pour lesquels on va être en compétition avec des hommes. C’est la même chose pour les levées de fonds : les chiffres parlent d’eux-même, il est plus compliqué de lever des fonds quand on est une femme. Mais de notre côté, on voit plutôt ça comme une source de motivation et de challenge, au sens positif du terme, pour prouver nos grandes ambitions pour la marque.
En quoi est ce que l'application Dougs vous aide au quotidien ? Qu'est ce que vous pourriez nous faire comme retours sur sur Dougs et l'application ?
Mon associée gère toute la partie comptable et moi la partie gestion sociale. C'est très intuitif au quotidien. Tout est lié entre nos différents comptes bancaires, et tout est lié à Shopify. C'est bien développé, dans le sens où tout est correctement connecté. On a pu parfois avoir quelques difficultés mais vos équipes ont su écouter nos retours et les prendre en considération.
Ce qu’on apprécie beaucoup aussi, c’est le tchat. Vous êtes très réactifs et ça, c'est très agréable.
Vous auriez un conseil à transmettre à des femmes qui veulent entreprendre ?
La première chose, c'est de se créer un vrai réseau, un entourage d'entrepreneures qui vivent la même chose et qui ne sont pas forcément au même stade de développement. C'est très enrichissant de pouvoir découvrir des start-up un peu plus avancées. Même pour une start-up un peu plus avancée, c'est toujours enrichissant d'avoir l'œil neuf d'une personne qui se lance. Et quand on dit réseau, c'est un réseau très varié de personnes qui ont des parcours complètement différents. La richesse vient de là surtout.
J'invite toutes les personnes à dépasser un peu leurs peurs. Quand on a vraiment envie et qu'on se donne les moyens, on peut vraiment y arriver. C'est semé d'embûches. On a rencontré pas mal d'obstacles, mais il ne faut pas avoir peur et vraiment se créer un réseau de personnes avec qui partager ces problématiques. On se rend compte qu'il y a beaucoup de bienveillance chez les entrepreneurs qu’on rencontre. Tout le monde est enclin à aider, à donner des tips, à partager les contacts qu'ils ont. Ça nous booste énormément et ça permet d’aller beaucoup plus vite et beaucoup plus loin.
Tess est VP Marketing & Media. Chez Dougs, elle dirige avec finesse et décontraction l’ensemble du service du même nom. Grosso modo, tout ce que vous lisez et entendez sur notre site, notre blog et Youtube, est le fruit du travail de son équipe. Articles de blog, formations en ligne, webinars, mais également e-mails et SMS, rien n’échappe à son œil affuté. C’est une pro de la communication et de la gestion de projets en tout genre.
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