Évaluer une entreprise répond à plusieurs objectifs. Une évaluation peut vous servir en cas d’acquisition, de cession partielle ou totale des actions. Vous pouvez être l’acquéreur ou le cédant. Mais vous pouvez également être le nouvel associé en cas d’augmentation du capital. Bref, ce ne sont pas les occasions qui manquent pour avoir besoin d’évaluer une société.
Parallèlement, plusieurs méthodes d’évaluation existent pour évaluer une entreprise. D’ailleurs, il est d’usage de dire qu’il existe autant de méthodes qu’il y a d’évaluateurs. Mais rassurez vous, toutes ces méthodes ont néanmoins des points communs.
Pourquoi évaluer une entreprise ?
Tout d’abord, l’évaluation d’une société peut servir à céder une structure toute entière. On parle de cession de société.
Mais vous pouvez également rester dans votre entreprise en cédant une partie de vos actions ou être dilué dans le cadre d’une augmentation de capital. Dans le premier cas, vous percevez de l’argent à tire personnel et vous êtes imposable à ce titre. Dans le second cas, c’est la société qui bénéficie de l’augmentation de capital intégralement et vous n’êtes pas imposé à titre personnel. Une situation mixte est également envisageable.
Enfin, c’est vous qui pouvez être l’acquéreur. Ainsi, votre perception de l’achat sera nécessairement différente du celle du cédant. Votre regard sur l’évaluation de l’entreprise se montrera alors plus critique. Bref, l’évaluation d’une société n’est pas toujours simple. Et surtout, la perception varie systématiquement en fonction de son statut d’acquéreur ou de cédant.
3 phases à l’évaluation d’entreprise
Une évaluation d’entreprise repose principalement sur 3 grandes phases. Tout d’abord, un diagnostic de l’entreprise. Ensuite, un retraitement du compte de résultat. Enfin, la valorisation de l’entreprise à proprement parlé.
Diagnostic de l’entreprise
Tout d’abord, avant même d’envisager les méthodes d’évaluation, vous devez récupérer certaines données et vous poser les bonnes questions.
S’agissant des documents, récupérez les 3 derniers bilans détaillés. Assurément, vous devez vous faire assister de professionnels concernant la lecture de ceux-ci. Ces derniers s’aideront généralement d’autres documents comme les grands livres, le FEC, pour une lecture numérique et plus approfondi concernant la partie comptable. Ensuite, viendront les éléments liés au social tel que les bulletins de salaires, DSN, litiges, … Enfin, rien ne pourra se dérouler sans examen du juridique de la société.
Mais revenons également aux questions fondamentales si vous cherchez à acquérir. Avant d’aborder le prix, posez vous les bonnes questions. En quoi la société achetée va vous permettre de mieux vivre ou de vous développer ? Quelles sont les performances de cette entreprise et d’où proviennent elles ? En bref, quelques questions primaires mais qui vous permettront d’envisager si cette société vous convient avant de vous lancer dans les manoeuvres parfois complexes de l’évaluation.
Voici en résumé l’exemple de quelques questions :
- Potentiel de développement de l’entreprise,
- Positionnement de l’entreprise par rapport à son environnement de marché,
- Lien entre le dirigeant et son entreprise. A t il su créer une équipe indépendante de son travail ?
- Motivation du personnel …
Retraitement du compte de résultat
Le compte de résultat est déterminant dans l’évaluation d’une entreprise. Mais celui ci est nécessairement influencé par des décisions de gestion du dirigeant actuel ou par des éléments exceptionnels de l’année.
Ainsi, pour ne pas fausser la réalité, on procède à un retraitement du compte de résultat.
Les principaux retraitements réalisés en matière d’évaluation sont les suivantes.
Libellé du poste | Impact sur le résultat | Observations |
---|---|---|
Rémunération du dirigeant importante | Revoir le résultat à la hausse | Le salaire du dirigeant est retraité en salaire technique. En effet, certains dirigeants perçoivent des rémunérations supérieures au traitement technique qu'un cadre supérieur percevrait. Ainsi, le compte de résultat sera revu à la hausse. Prévoir également le traitement des charges sociales patronales. |
Rémunération du dirigeant insuffisante | Résultat à baisser | Certains dirigeants cumulent fonction de président et retraite. Il faut prévoir dans le compte de résultat un vrai salaire et des charges sociales correspondantes. Le résultat va donc baisser. |
Crédit bail | Aléatoire | Le crédit bail est retraité en amortissement et en charges financières si les impacts sont significatifs. |
Amortissement | Revoir le résultat à la hausse | Parfois, l'entreprise utilise des méthodes d'amortissement accélérées. On pense notamment à des dispositions fiscales très opportunes pour des entreprises souhaitant réduire leur résultat fiscal. |
Loyer | Aléatoire | La mise à disposition des locaux par une société civile immobilière proche du dirigeant cache parfois des corrections des loyers à réaliser pour retomber dans une plus grande réalité économique. |
Evaluer une entreprise repose sur certaines méthodes
Pour schématiser il n’existe vraiment que 2 méthodes d’évaluation : l’évaluation patrimoniale et l’évaluation par les flux. En d’autres termes, une méthode statique et une méthode dynamique. Le reste des autres techniques sont des dérivés ou des combinaisons de l’une ou de l’autre méthode. Ensuite, ces méthodes sont pondér ées pour déterminer la valeur de l’entreprise.
L’évaluation patrimoniale
D’un côté, l’évaluation patrimoniale. Sans doute la plus simple à appréhender pour les néophytes. Cette méthode consiste à compter ce que l’on voit et à modifier les valeurs du bilan.
Evaluation de l’actif du bilan
En schématisant, on prend le bilan et on regarde l’actif dans un premier temps. On essaie de réévaluer la valeur des biens à la hausse (comme le fonds de commerce ou l’immobilier) ou à la baisse.
Pour mieux comprendre la finalité de cette gymnastique comptable, il faut comprendre certains principes édité par le plan comptable général français. En effet, la comptabilité enregistre les biens à leur valeur historique uniquement. Il n’y a pas de réévaluation pour tenir compte de la valeur vénale. En bref, on ne préoccupe pas des plus values latentes dans un bilan comptable.
Parallèlement, il existe un autre principe dénommé principe de prudence. Ainsi, si un poste d’actif vaut moins que le coût historique, comme un client qui ne paie par exemple, on doit provisionner le risque par une provision sur créance douteuse. Ainsi, cela réduit le résultat de l’exercice et par conséquent la valeur des capitaux propres.
Evaluation du passif du bilan d’une entreprise
Du côté du passif du bilan, on réalise le même type de prestation avec généralement plus de facilité. En effet, le passif représente ce que l’entreprise doit, à savoir ses dettes. Néanmoins, on peut se retrouver dans certaines situations complexes comme les provisions pour risques et charges. En clair, un litige prudhommal qui traine depuis plusieurs mois au sein de l’entreprise ou un litige avec un fournisseur dont l’issue est incertaine.
Cela signifie qu’on peut découvrir dans un bilan des plus values potentielles non enregistrées (principe du coût historique) mais jamais des moins values potentielles principe de prudence) . En effet, cela signifierait que le dirigeant n’a pas appréhendé correctement les risques générées par son activité.
Finalement, cette méthode est relativement simple, mais elle présente un gros inconvénient. En effet, vous ne disposez d’aucune perspective sur l’évolution de l’activité.
Evaluation par les flux
Ainsi, l’autre grande méthode repose sur une notion de flux. Cela peut être le résultat, l’EBE, les cash-flows, … On regarde donc la capacité de la société à générer des flux sur un certains nombres d’années (3 à 7 ans). Soyons clairs, cette méthode demeure la plus complexe à plusieurs titres. D’une part, pourquoi choisir tel ou tel ratio ? Quelle durée utiliser ? Peut on mixer les méthodes ? Chacun trouve souvent une explication pseudo scientifique et pseudo vérifiée à telle ou telle méthode. Cependant personne ne dispose à ce jour de machine à aller dans le futur, ni de boule de cristal. Que pensez des événements mondiaux qui soulèvent la planète et les entreprises par exemple ?
Les autres méthodes d’évaluation d’entreprise
Les autres méthodes vont s’inspirer de l’une ou l’autre de ces 2 techniques. On retiendra les années passées et/ou les années prévisionnelles. Nous pourrons par exemple citer la méthode des cash-flows actualisés, essentiellement utilisée par les PME.
Voici un tableau non exhaustif de certaines méthodes
Exemples de méthodes | Utilité de la méthode pour évaluer une entreprise |
---|---|
Valeur de productivité | La valeur de productivité est calculée en capitalisant le bénéfice net moyen à un taux distinct d'un taux de placement sans risque. Ainsi, plus le risque est élevé, plus le taux de capitalisation sera élevé. |
Capitalisation du bénéfice net moyen | Le coefficient retenu détermine le rendement désiré par un investisseur tenant compte du risque lié à la qualité de l'entreprise et de son secteur économique. |
Capitalisation de l'EBE corrigé | La valeur de l'entreprise se calcule en fonction de la rentabilité d'exploitation. Ensuite, on tient compte d'un nombre d'années et de l'endettement restant.Enfin, on ajoute la trésorerie excédentaire disponible immédiatement. |
Capitalisation de la MBA moyenne | Les ressources dégagées par l'entreprise sont multipliées par un nombre d'années, le plus souvent en relation avec les durées des financements. |
Capacité de remboursement | Tout d'abord, la valeur de l'entreprise correspond à sa capacité à rembourser une dette d'acquisition diminuée des emprunts restant dûs et du renouvellement des immobilisations. Enfin, cette capacité peut être augmentée d'une part d'autofinancement. |
Capitalisation de la CAF + Trésorerie | Les ressources dégagées par l'entreprise sont multipliées par un nombre d'années correspondant à la rentabilité souhaitée d'un acquéreur. Enfin, on y ajoute la trésorerie excédentaire disponible immédiatement. |
Capitaux risqueurs | Les résultats dégagés par l'entreprise sont multipliés par un nombre d'années correspondant à la rentabilité souhaitée d'un acquéreur. On y ajoute la trésorerie excédentaire, et on déduit l'endettement à long terme à la clôture des comptes. |
Valeur patrimoniale et Goodwill | La valeur de l'entreprise correspond à l'actif net corrigé augmenté du goodwill. Ainsi, le goodwill représente la survaleur de l'entreprise liée à la bonne rentabilité des capitaux. |
Cash Flow actualisé | La valeur de l'entreprise correspond à la somme des flux futurs de trésorerie dégagés au-cours des prochains exercices. |
DCF | La valeur de l'entreprise, obtenue par les flux de trésorerie actualisés, repose sur sa capacité à réaliser ses prévisions. Ainsi, cette méthode utilise les éléments essentiels à la valorisation : croissance, rentabilité, investissements. |
Capacité bénéficiaire prévisionnelle | La valeur de l'entreprise correspond à sa capacité, passée et future, à rembourser une dette d'acquisition diminuée des emprunts restant dûs et du renouvellement des immobilisations. Mais, cette capacité peut être augmentée d'une part d'autofinancement. |
La valeur d’une entreprise n’est pas nécessairement son prix
Ce débat de la différence entre le prix et sa valeur est loin d’être anodin. En effet, il faut imaginer un mètre carré d’un terrain bloquant la construction d’une grande structure. La valeur de ce morceau est insignifiant : 5000 euros peut être au maximum. Mais le prix peut s’élever à plusieurs dizaines de milliers d’euros si l’acquéreur est bloqué dans sa construction.
Autre exemple pour mieux comprendre. La valeur d’une voiture ne peut pas changer en 10 minutes. Néanmoins, le prix de votre nouveau véhicule diminue d’au moins 20% lorsque vous le sortez de chez le concessionnaire.
Bref, tout cela pour vous dire que vous pouvez toujours venir avec les plus belles méthodes théoriques sur comment évaluer une entreprise, vous serez quand même réduit à discuter avec votre interlocuteur sur le prix.
Le prix est donc lié également à l’urgence de la cession, la rareté de l’entreprise, la concurrence entre le nombre d’acquéreurs et bien évidemment la psychologie du cédant.
Bref, vous pouvez démarrer votre acquisition avec une âme de scientifique pour évaluer une entreprise mais vous risquez de terminer comme acheteur de tapis lorsque vous allez négocier le prix.
Une maxime illustre d’ailleurs bien ce propos : La vente est faite quand le vendeur a la sensation qu’il aurait pu vendre plus cher et que l’acheteur aurait pu acheter moins cher. C’est ce que l’on appelle le rapport perdant/perdant. Mais dans la réalité, ce goût d’amertume doit s’estomper avec les mois suivant l’acquisition. Cela signifie que le vendeur est passé à autre chose et que l’acheteur a réussi son acquisition.
Evaluer une entreprise repose sur une démarche précise
Finalement, l’évaluation d’une entreprise n’est pas une démarche anodine.
Pour conclure sur l’évaluation d’une société, quelque soit les méthodes utilisées, il existe un juge de paix. En effet, il s’agit de la capacité de la société à générer suffisamment de cash pour rembourser les emprunts et rémunérer les associés.
Quoi qu’il en soit, pensez à contacter un expert, comme chez Dougs, par exemple. Ce dernier vous aide à prendre tout les éléments en compte afin de ne rien omettre lors de l’évaluation de votre entreprise.