Allez, lâchons-nous un peu et imaginons une machine temporelle qui nous amène en 2030. Un remake de retour vers le futur, mais en collaborateur comptable. En plus, essayer de voir 10 ans dans l’avenir, ce n’est pas grand chose. C’est bien moins que ce que Marty McFly et sa DeLorean ont parcouru.
Et parlant de voitures, elles sont désormais 100% électriques ou hydrogènes. Certes, on continue de voir quelques anciens véhicules thermiques, mais ceux ci sont désormais considérés comme des pièces de collection. En continuant sur les moyens de transportation, Franky Zapata s’est d’ailleurs donné un nouveau défi : voler au-dessus de l’Atlantique sans pause. Elon Musk s’est fait branché une carte SSD sur son cerveau et ses capacités cognitives s’en trouvent augmentées. Il est désormais le seul à pouvoir écouter Grimes sans casque et sans déranger ses voisins. Mais au fait, quid de notre métier d’expertise comptable ? Que sont devenus les collaborateurs au sein des cabinets d’expertise comptable ?
Le futur de l’expertise comptable
Contre toute attente, dans l’avenir les cabinets d’expertise comptable existent toujours. Mieux, ils sont devenus plus importants. Désormais, non seulement les collaborateurs comptables sont plus polyvalents, mais surtout les équipes se sont étoffées de différentes compétences. Il est loin le temps où le client dirigeant recherchait uniquement à faire la compta de sa société et les 3 bulletins de salaire de ses employés. Sur ce dernier point, les choses se sont encore complexifiées. Les bulletins de salaire atteignent désormais 4 pages grâce aux « mesures de simplification » élaborées par différents ministres. Mais cela est moins problématique car le nombre de salariés a diminué de façon significative. 40% de la population active est désormais à son compte.
En 2030, le dirigeant cherche chez son expert-comptable tout ce qui peut graviter autour de son entreprise. Ainsi, le porteur de projet va créer sa société chez l’expert comptable en 1 heure chrono. Les Centres des formalités ou de Greffe de tribunal de commerce n’ont plus le monopole. Une blockchain centralise et assure la sécurité. Il n’y a plus de questions liées au statut social du dirigeant. La SSI (ex RSI) a complètement fusionné avec le régime général de la sécurité sociale. De fait, les SARL sont devenues des SAS et les EURL des SASU.
Et que devient le collaborateur du futur ?
La vie du collaborateur comptable a fondamentalement changé. On ne se souvient même plus des années où les relevés bancaires se saisissaient à la main. Les EBICS ont cédé le pas à de nouvelles normes qui permettent de reconnaître les bénéficiaires des chèques ( Même si plus personne ne fait de chèque). Mieux, l’argent liquide a presque disparu. De fait, il y a moins d’erreurs dans les caisses enregistreuses. Et de surcroît, celles-ci sont interconnectées avec la compta.
La saisie a totalement disparu en 2030
Plus de saisie bancaire et plus de saisie tout court ! Les derniers blocages résidaient dans les factures d’achat reconnues par des OCR à 70%. Les meilleurs systèmes d’ailleurs faisaient travailler des petites mains en Inde pour reconnaître les 30% restants. Désormais, les factures électroniques contiennent des métadonnées et se récupèrent via des connecteurs. L’imputation s’effectue en direct et le dirigeant connaît son résultat au fur et à mesure. L’administration fiscale l’a bien compris. Elle ne réclame plus de bilan, juste un FEC augmenté des pièces justificatives. Les acomptes IS n’existent plus. On paie désormais 4 fois le solde de l’IS par année. Et quand on parle d’entreprise, la notion de transparence fiscale n’existe plus. Toutes les activités sont à l’IS au régime réel normal, y compris les SCI et les professions libérales.
Le collaborateur comptable du futur est désormais un collaborateur dont les capacités ont été améliorées à travers des outils numériques. Plus aucune saisie, pas de tâche répétitive. Désormais, la norme est à la réflexion. Il utilise des fichiers qu’il rassemble, il les croise pour obtenir des informations utiles aux dirigeants. Il connaît quelques bribes de code lui permettant de débloquer certaines situations. Son rôle consiste plus à maîtriser, synthétiser plutôt que de fabriquer. Il n’hésite pas à proposer de nouveaux services tels que des assurances, services bancaires de placement ou d’investissement quand l’application attire son attention sur certains dossiers. Il participe également au recouvrement de créances de ses clients. Les prévisionnels sont facilités grâce au scoring et benchmarking des entreprises en direct. Nous sommes très loin de l’époque où le collaborateur ne faisait que de la compta.
La communication est le maître mot en 2030
Bien évidemment, le collaborateur communique via des moyens plus modernes. On ne sait pas d’ailleurs où il se trouve géographiquement : chez lui, sur une plage, à l’étranger ? Le télétravail est devenu la norme. En contrepartie, il agit de façon très méthodique et avec énormément de réactivité.
Mais au fait, venons-en au plus important. Pourquoi parler de collaborateur comptable du futur et non pas de collaboratrice comptable futuriste ? En effet, le métier s’est hautement féminisé en 2030. Mieux, les femmes occupent désormais les places les plus importantes au sein des groupes d’expertise comptable. Ce n’est que justice car elles se sont rendues totalement irremplaçables. Mais bon, pour savoir cela, pas besoin d’aller dans le futur, on le sait déjà en 2019.
Le futur réserve donc encore bien des surprises, et le futur de la comptabilité ne fait pas exception. Personne ne sait quels changements se produiront dans 10 ans, dans 1 an, pas même le trimestre prochain. Nous ne maîtrisons pas plus l’amplitude du changement. Le meilleur est encore à venir à la condition d’accepter que l’incertitude soit un terreau d’opportunités pour l’expertise comptable. Finalement, ne nous contentons pas de penser à la survie de la profession, mais recherchons une réussite sans précédent.
Patrick est cofondateur et CEO de Dougs. Expert-comptable de profession, expert conseil en création et reprise d’activité, il détient le Prix du Meilleur mémoire d'expertise comptable. Entrepreneur passionné, il partage régulièrement ses connaissances en intervenant dans des établissements supérieurs reconnus (X, HEC).
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